Publié le 13 janvier, 2017

Des mots ? Des maux ! Mercuriale 2017 du Gouverneur du Brabant wallon

Madame, Messieurs les Membres du Collège provincial,

Madame la Directrice générale provinciale,

 

Monsieur le Président du Parlement de Wallonie,

Monsieur le Ministre,

Monsieur le Procureur général,

(…)

Mesdames, Messieurs en vos titres, grades et qualités,

 

Chers Amis,

 

L’an dernier, j’avais eu le plaisir de lancer le cycle de mes mercuriales en soulignant les liens entre l’institution provinciale et l’organe qui représente les autres niveaux de pouvoirs en son sein, c’est-à-dire moi-même... Je n’avais pas encore beaucoup d’expérience mais je pressentais que ces liens n’étaient pas que des symboles. Et les mots de Mathieu Michel, notre Président du Collège, le démontrent une fois de plus.

 

L’an dernier, nous innovions aussi en changeant de lieu pour les vœux du Brabant wallon. La décision de nous décentraliser se concrétise cette année par l’accueil dans ce site d’exception musicale et artistique qu’est la Chapelle musicale Reine Élisabeth. Lieu qui héberge les prodiges d’aujourd’hui et de demain.

 

Ce projet remarquable est le fruit du travail du Conseil d’administration de la Chapelle et en particulier celui de Monsieur Bernard de Launoit et de toute sa merveilleuse équipe, que je remercie pour leur accueil.

 

L’harmonie qui nous enchante ici, Madame la Bourgmestre, illustre à souhait le succès de votre belle commune. Sa situation géographique stratégique comme ses quelques Gonzagues masquent d’autres richesses, faites de créativité, d’entrepreneuriat et de diversité. Connaître les dynamiques propres à votre cité, c’est sortir des clichés.

 

Les clichés, les stéréotypes, ce sont parfois le substrat de rumeurs ou d’idées malveillantes. Précisément, celles qui constitueront le thème de mon exposé principal.

 

Introduction

 

Mais avant cela, je voudrais évoquer brièvement ces quelque quinze mois en tant que Gouverneur.

 

Après un millier de rencontres, réunions, collèges, conseils, conférences ou autres cérémonies. Après des phases provinciales, communales et plusieurs exercices catastrophes. Après une cinquantaine de visites d’entreprises, de zones de police, de postes de la zone de secours, d’ambassadeurs et de joyeuses entrées dans les communes, je n’ai pas vu passer le temps.

 

Oh, rien d’extraordinaire quand on compare cela à la vie d’un élu en exécutif, mais je dois avouer que je pensais au départ avoir plus de temps pour mener d’autres projets. Bien entendu, l’actualité, parfois sinistre, est venue perturber cet agenda.

 

Je me contenterai donc d’évoquer quelques acquis et quelques déceptions.  

 

Ainsi en est-il du statu quo concernant mon mandat spécial visant à prendre toutes les initiatives utiles en vue de la mise en œuvre de la Communauté métropolitaine bruxelloise. Cela tient autant au fait de ne pas avoir ressenti de fols enthousiasmes dans certains de mes contacts, que de n’avoir pu suivre avec toute l’assiduité souhaitée toutes les démarches bilatérales qui s’opèrent entre les trois Régions.

 

De même, je n’ai pu contribuer à l’installation d’un Centre 112 en Brabant wallon, sans doute car l’heure est à la recherche de l’efficience maximale. Cela dit, cette situation est en bonne voie d’être clarifiée et elle nous forcera à innover, ce qui n’est jamais mauvais.

 

Par rapport à ce que j’avais annoncé, je reste aussi sur ma faim en matière d’organisation d’événements que je souhaitais mener en partenariat avec d’autres institutions.  Certaines initiatives verront le jour, mais je préfère me concentrer dans un premier temps sur la pédagogie autour des matières de sécurité.

 

En revanche, je suis assez fier d’annoncer que toutes les communes du Brabant wallon sont maintenant en ordre, ou en bonne voie de l’être, du point de vue des plans d’urgence.

 

Tout comme je suis heureux d’avoir finalisé le Plan particulier d’urgence et d’intervention en matière de terrorisme (PPUI Terro).

 

Réjoui de voir avancer à grands pas, avec la complicité de Mathieu Michel et de la Province, le projet ANPR, ce réseau de caméras capables de lire les plaques d’immatriculation, cher au Procureur du Roi et à moi-même.

 

Ravi aussi, des partenariats établis en matière de sécurité : que ce soit avec VISOV (Volontaires Internationaux en Soutien Opérationnel Virtuel)[1] ou avec Météo Belgique pour affiner les prévisions en cas d’alerte.

 

Très content, grâce au Gouvernement wallon et spécifiquement au Ministre Prévot, de pouvoir très bientôt, appuyer les zones de police dans leur démarche de prévention et d’éducation à la sécurité routière avec une voiture-tonneau et deux policiers spécifiquement dédiés.

 

Enchanté surtout, de mes contacts avec les associations et les brabançons comme je le suis des partenariats vécus au quotidien avec les forces vives du Brabant wallon, telles que la Province bien entendu, mais aussi l’IBW, la Chambre de commerce et d’industrie, Nivelinvest et nombre d’entre vous ici présents.

 

Citer chacun serait laborieux et injuste, en ce sens que je n’ai malheureusement pas eu encore le temps de nouer des liens forts avec toutes les institutions qui œuvrent en Brabant wallon.

 

L’important, c’est cette espèce d’exception brabançonne wallonne, fondée sur le respect mutuel des prérogatives de chacun comme sur cette volonté omniprésente de bien faire. Au-delà de mes amitiés et de mes contacts au sein de tous les partis démocratiques, et sans jouer au naïf, je constate que l’immense majorité des élus brabançons wallons se préoccupent surtout du bien-être dans la province ou dans leurs communes, plutôt que se perdre en de stériles petits calculs politiques et autres coups tordus.

 

Et c’est pour moi autant un plaisir qu’une fierté, quand je rédige mes rapports aux Gouvernements fédéral et régional sur la situation du Brabant wallon.

 

Ce privilège, je le dois à mes prédécesseurs, que je salue au passage, Valmy Féaux, Emmanuel Hendrickx et Marie-Josée Laloy. Tous ont défriché le terrain. Ils me permettent aujourd’hui d’exercer ma tâche dans d’excellentes conditions et surtout ils ont contribué, et contribuent encore, à l’affermissement des liens qui unissent l’ensemble des Brabançons wallons.

 

Retour aux mercuriales d’antan

 

À l’origine, une mercuriale n’est pas un exposé très sympathique et positif.  C’était le moment[2] pour une autorité judiciaire de dénoncer les abus qui pouvaient exister dans l’administration. Par extension, les mercuriales furent ensuite entendues comme des remontrances ou des réprimandes sévères faites, par exemples, à un subordonné ou à un enfant.

 

Eh bien, pour cette mercuriale, j’ai l’intention de renouer avec la tradition. Et donc de me lancer dans la dénonciation de faits qui nuisent à la bonne administration de la chose publique, c’est-à-dire à la politique au sens noble du terme.

 

Oh rassurez-vous ! Je n’ai ni le talent d’un Zola, ni la force d’un Cicéron, et il n’y a d’ailleurs rien qui soit digne de telles accusations en Brabant wallon.

 

Au contraire, je veux parler de ces milliers de Fouquier-Tinville qui sévissent dans les bas-fonds de l’anonymat, comme de ceux qui les instrumentalisent.

 

Ce soir, je veux partager avec vous mon exaspération face à quatre phénomènes contemporains qui se renforcent mutuellement, et qui contribuent à un climat haineux porteur de grands dangers pour notre avenir.

 

Je vais donc vous parler de ces confusionnistes, de ces complotistes, de ces négationnistes, de ces conspirationnistes, de ces « antisystèmes », de ces trolls identitaires, de ces extrémistes et de tous ces apprentis-sorciers, qui misent malheureusement sur la peur, la bêtise et la haine, pour influencer la vie politique et sociale de nos démocraties.

 

Bien entendu, j’ai conscience de mon devoir de réserve, mais la mission d’un gouverneur n’est-elle pas avant tout de garantir la sécurité et l’exécution des lois et règlements ? Dans ce contexte, il a aussi pour tâche de prévenir ce qui peut déstabiliser le corps social, ou affaiblir les droits fondamentaux et le bon fonctionnement de la démocratie.

 

À l’image de mon estimé Collègue Denis Mathen, le Gouverneur de la Province de Namur, qui, en réponse aux impasses des simplismes, fit un « Éloge de la complexité » lors de sa mercuriale de 2016, je souhaite poursuivre le combat contre les extrémistes de la bêtise et autres radicalisés de la haine.

 

Le contexte

 

L’actualité trop souvent terrible, ne doit pas faire oublier qu’elle fut parfois bien plus tragique encore.

 

Structurellement, sans être exhaustif, nous sommes face à quelques tendances mondiales fortement préoccupantes, qui ne doivent pas occulter un grand nombre d’autres tendances qui sont, elles, signes de progrès.

 

Dans le registre préoccupant, je me permets de citer :

  • Le réchauffement climatique dont les conséquences économiques, politiques, environnementales et sociales sont plus qu’inquiétantes et menacent les conditions de vie de l’humanité entière ;

  • L’augmentation mondiale des inégalités ;

  • La persistance de conflits régionaux aux conséquences mondiales et de l’usage de la terreur ; (et enfin)

  • Le nombre absolu de réfugiés des conflits.

 

Dans le registre du progrès[3], nous pouvons citer :

  • La durée de vie en augmentation constante presque partout;

  • La mortalité infantile qui n’a jamais été aussi basse dans le monde ;

  • La proportion de victimes de guerre ou de violences qui n’a jamais été aussi faible par rapport à la population de la planète et ce malgré les conflits actuels ;

  • La pauvreté extrême qui continue de diminuer dans le monde (en proportion et en chiffres absolus) ;

  • La faim dans le monde qui tend à disparaître malgré l’augmentation de la population ;

  • Le nombre de personnes sachant lire dans le monde qui atteint 85% et poursuit sa croissance ;

  • La révolution numérique comme une forme de super révolution industrielle où l’on aperçoit que le rapport au travail peut être totalement modifié ;

  • L’accès à l’information et à la culture qui n’ont jamais disposé d’outils aussi formidables de diffusion.

Malheureusement, comme le dit si bien Edgar Morin, ces données, ces « chiffres restent à la surface de nos réalités humaines. Aucun ne mesure la souffrance, le bonheur ou le malheur. »[4]

 

Nous sommes aussi face à des constats paradoxaux qui ne sont pas sans influence sur ce qui va suivre : par exemple, il y a plus de gens qui possèdent un GSM ou un smartphone dans le monde qu’il n’y en a qui ont accès à l’eau ou à l’électricité.

 

Conjoncturellement, nous observons la lenteur de la reprise économique depuis la crise financière de 2008 et surtout la persistance du terrorisme et de foyers d’instabilité.

 

Plus prèsde nous, nous ne pouvons négliger les couacs de la construction européenne.

 

Dans ce contexte, même si le monde a déjà été confronté à des risques ou des conflits encore plus grands, les temps paraissent bien incertains aux yeux de franges entières de la population. Et, dans la foulée, des attitudes que l’on pensait taboues ou en voie d’éradication ressurgissent un peu partout.

 

Certains groupes ou certains citoyens sont placés ou s’imaginent dans une insécurité face à l’évolution d’un monde qu’ils ne comprennent plus – voire qu’ils ne veulent pas comprendre.

 

Les angoisses face à la technocratie, face aux effets perçus ou réels de la mondialisation, associées au sentiment d’être exclu de tout processus de décision, conduisent à un clivage social qu’on ne peut plus négliger.

 

Ces difficultés de compréhension de la complexité du monde combinées à certaines conséquences négatives des mutations de notre temps, contribuent à favoriser les discours simplificateurs, souvent au profit et dans l’intérêt de ceux qui les initient ou les récupèrent.

 

Ces discours béotiens ne peuvent être dissociés des vecteurs qui favorisent leur diffusion. Ce seront donc tant les tendances discursives nauséabondes que j’entends examiner, que leur moyen de propagation.

 

Je relève ainsi quatre phénomènes :

  1. La dénonciation des élites et du système ;

  2. Les théories du complot ;

  3. La prétendue libération de la parole ;

  4. Les diffusions puantes sur internet et sur les médias sociaux.

La dénonciation des élites et du système

 

Corrompus, incompétents, menteurs, paralysés par le politiquement correct, éloignés du peuple, profiteurs, blablateurs… Autant de clichés qui pèsent sur les politiciens, les intellectuels, les scientifiques, les patrons, les dirigeants syndicaux, les magistrats, les journalistes dits « mainstream », les « bobos » et j’en passe. Comme si ces personnes trahissaient systématiquement la population.

 

Combien de fois n’entend-on pas que « nos élus ont abandonné le peuple » ? Alors que cette proposition renvoie à une forme de paternalisme ou de clientélisme totalement opposée à l’émancipation de la condition de ceux qui l’énoncent.

 

Quant au discours antisystème, anti-establishment, qu’il soit porté par l’extrême droite ou par l’extrême gauche, il s’attaque, au choix, aux mêmes élites, au marché capitaliste et parfois au sionisme, en tentant de masquer son antisémitisme réel[5]. (À titre d’exemple, le thème du balai[6] illustre systématiquement la volonté de nettoyer la classe intellectuelle et politique).

 

L’évocation de ce fameux « système », censé être un machin travaillant au seul profit des « élites », permet de rejeter toute proposition qui émane d’un individu identifié comme étant partie au « système ». On constatera que, paradoxalement, l’antisystème fonctionne comme un système. Un système clos, fermé à toute contradiction.

 

Comme l’écrivait Vincent Engel dans Le Soir du 3 décembre 2016, « l’exécration concentre le fil rouge des détestations mentionnées ci-dessous : éviter tout ce qui pourrait ressembler, de près ou de loin, à une volonté d’analyse et de compréhension en profondeur d’un phénomène politique, social, économique, culturel ou religieux. »

 

La difficulté c’est que ce type de discours percole dans de plus vastes catégories sociales et finit par devenir un lieu commun ciblant par exemple « les politiciens » comme « des incompétents qui vivent à nos crochets ».

 

Être mandataire politique, c’est avoir le courage de passer des heures à comprendre des dossiers, à se frotter en permanence aux sollicitations de la population, à expliquer pourquoi les solutions évidentes aux yeux des uns ne peuvent s’appliquer sans mettre en cause le droit des autres, à affronter l’élection dont on sait qu’elle peut être injuste.

 

Être intellectuel, c’est défendre la raison ou la beauté, c’est décrire le monde au-delà du scoop, de l’immédiat ou de l’émotion.

 

Être magistrat, c’est veiller, au moyen du droit, à l’équilibre des forces dans les conflits pour chercher une juste réponse.

 

Être etc.  Je vous laisse continuer la série.

 

Bien entendu, je sais que les comportements de certains nuisent à tous. Mais ces faits, même gravissimes, restent dans des proportions singulières par rapport à l’ensemble des personnes qui s’investissent par exemple en politique.

 

Bref, à titre personnel, si je peux comprendre les frustrations de certains, je ne supporte plus ces caricatures, notamment parce qu’elles ne sont d’aucune utilité pour trouver des solutions.

 

Les théories du complot

 

J’en viens aux théories du complot[7].

 

En gros, les tenants de ce genre de théories analysent les faits sociaux ou historiques comme étant les résultats voulus par une poignée de personnes qui pilotent le monde en fonction de leur intérêt. À la différence des rumeurs ou des légendes urbaines, les bénéficiaires de la prétendue conspiration sont clairement identifiés.

 

Ces personnes pouvant être au choix ou en cumul, les juifs, les francs-maçons, les jésuites, les templiers, les illuminati, la CIA, les communistes, les homosexuels, le Vatican, le gouvernement, les climatologues etc. Et j’en passe.

 

Aux yeux des dénonciateurs de grands complots, le caractère international du pseudo réseau contribue à la démonstration de la manipulation opérée par l’un ou l’autre groupe cités ci-dessus.

 

Ces bobards permettent à certains de se croire dépositaires d’un secret à dénoncer et donc à diffuser à leur tour. Il s’agit souvent d’une propagation virale sous le même format que la rumeur.

 

En dehors de groupes isolés ou désemparés, ce genre de théories farfelues n’influençait pas des masses de population mais elles se remettent malheureusement à coloniser chaque jour un peu plus les esprits de bon nombre de citoyens[8].

 

De fait, trois soucis existent avec ces théories fumeuses :

 

Primo, la difficulté d’en démontrer le caractère fantaisiste, car toute tentative sera interprétée de manière paranoïaque. Les explications officielles ou celles portées par les médias dits « mainstream », nécessairement complices, seront réfutées. Pis, cette vision paranoïaque tend même à utiliser l’insistance que l’on porte à l’éveil de l’esprit critique, ou à l’éducation aux médias, pour en faire un argument en sa faveur. Ce sont eux les détenteurs du véritable esprit critique puisqu’ils remettent en cause les théories officielles ou le travail des historiens. Le négationnisme, par exemple, s’inscrit totalement dans ce type de schéma.

 

Secundo, la popularité du « on nous cache tout, on ne nous dit rien[9] » (à compléter par « tout est lié, mais de façon occulte ») dépasse largement le cadre des théories les plus folkloriques. À nouveau, c’est le règne du « On » imaginé comme le système visant à tromper le peuple pour son intérêt particulier.

 

Tertio, manifestement, et je ne citerai personne, certaines formes de propagande étatique utilisent à nouveau les ficelles des théories complotistes dans leur intérêt et diffusent des informations tronquées ou fausses. Ces « fakes » tendent à pousser une population beaucoup plus large et plus instruite dans un relativisme vis-à-vis des médias ou des sources officielles. Donner le même poids à une vidéo virale diffusée par un organe qui n’a de presse que le nom et les témoignages de terrain concordant d’ONG reconnues ou de l’ONU est absurde. Et pourtant, j’observe avec d’autres que ce relativisme, cette méfiance, se répand de plus en plus (notamment sur les réseaux sociaux).

 

C’est précisément cette diffusion bien plus large qui m’inquiète.

 

La prétendue « libération de la parole »

 

Autre phénomène, le changement de sens de certains concepts, la transformation de ceux-ci et surtout la banalisation de la violence de certains propos.

 

Il en est ainsi du concept de « pensée unique » qui, pour les uns fait référence à une conception néo-libérale de l’organisation sociale, pour d’autres renvoie à un modèle social-démocrate et pour les derniers, s’appréhende comme étant la volonté d’intégration européenne, la libération des mœurs et l’ouverture à l’immigration.

 

Ce qui est certain, c’est que qualifier une opinion de « pensée unique » permet de se passer de tout argument et de fermer le débat. On notera au passage que ce sont surtout les extrémistes de tous poils qui ont recours à cette expression.

 

Dans la même veine, l’utilisation du terme « politiquement correct », vu comme une attitude trop bienveillante à l’égard des minorités (par exemple d’origine étrangère) est devenu un autre moyen de disqualifier toute pensée contradictoire.

 

Observez-vous cette mode qui consiste à expliquer que l’on n’a pas peur de « briser un tabou » et par là se permettre d’énoncer des propos racistes, misogynes ou homophobes (qui relèvent en fait du droit pénal) ? Comme le disait Le Monde dans un éditorial d’octobre 2013 à propos de Madame Taubira, on est en fait passé du « politiquement correct » au « politiquement abject ».

 

Les mots mêmes sont torturés pour fonder une sorte de novlangue[10] constituée de néologismes et de mots-valises insultants du type « journalope, merdia, gestapette, mediacrate, etc. ». Le tout contribuant à créer une espèce de sous-culture à destination des plus excités.

 

Plus généralement, il existe un véritable rejet du langage civilisé ou tout simplement de la politesse. Cette volonté affichée de « casser les codes », d’agir de façon dite « décomplexée », détruit les fondements de la sociabilité indispensable à la vie en commun.

 

La recherche du mot juste, le respect, les périphrases pour ne blesser personne, la pédagogie pour favoriser ce qui rassemble et ce qui unit, sont confrontés à l’usage intensif du langage guerrier, de l’insulte, de la stigmatisation ou de la vulgarité. La lecture des forums des journaux en ligne est à ce titre totalement déprimante même si la majorité des posts sont le fait d’un petit nombre d’individus.

 

Pour justifier ces outrances, on a inventé un nouveau concept : « la libération de la parole ».

 

Cela pourrait sembler sympathique et faire synonyme avec la « liberté d’expression », mais l’idée, ou plutôt son usage va bien au-delà.

 

Il y a une grande confusion entre la liberté d’expression qui prend soin de respecter celle d’autrui et dont les limites sont fixées par la Loi (ne pas calomnier ni diffamer, ne pas inciter à la haine ou à la violence raciale par exemple) et la « liberté de parole ».

 

La « libération de la parole » c’est en fait à la fois la revendication du droit d’affirmer son ego, sa singularité, ses pulsions et le droit de dire n’importe quoi, le cas échéant à propos de n’importe qui, sans plus de limites. En bref, c’est ce qui permet le retour de discours de haine ou d’exclusion de l’autre.

 

Diffusions puantes sur internet et sur les médias sociaux

 

Ces trois phénomènes - détestation des élites, théories du complot et libération de la parole - ne seraient pas si inquiétants s’ils n’étaient liés à de nouveaux modes de diffusion.

 

D’une part, ces opinions sont, non seulement, compatibles entre elles mais elles se rencontrent couramment dans les mêmes propositions. Se faisant, elles se renforcent mutuellement.

 

Avant la révolution numérique, et hors utilisation de techniques de propagande, l’influence de ces phénomènes restait relativement limitée dans le temps et dans l’espace. Une rumeur antisémite comme la rumeur d’Orléans (l’enlèvement de jeunes filles pour la traite des blanches dans des cabines d’essayage de magasins tenus par des juifs) se transformait, migrait et mettait un temps certain (plusieurs années) avant d’apparaître à nouveau.

 

Mais, depuis l’apparition du web, des emails et surtout des média-sociaux, les informations les plus pertinentes comme les plus grandes sottises mettent une fraction de seconde pour être largement diffusées.

 

L’anonymat, le sentiment d’être protégé par son écran, permettent aux plus lâches de s’exprimer sans risquer une confrontation avec le réel. Comme le disait le Ministre Koen Geens[11] (exprimant sa crainte du totalitarisme) dans Le Soir de ce 26 décembre : « il y a une désinhibition sur internet, où l’on dit des choses énormes, incroyables. Tout cela rend, en effet, très difficile le combat des hommes raisonnables ». (fin de citation)

 

D’autre part, de nouveaux procédés viennent encore renforcer la propagation de ces métastases nauséabondes.

 

L’emploi de fausses nouvelles comme technique de communication se généralise. On balance une fausse information, fortement relayée par un petit noyau de personnes  de façon à apparaître dans les tendances d’un réseau social[12]. Le message est par après rediffusé largement par des âmes naïves ou complices. Le fait qu’il soit retransmis par un grand nombre lui apportant une crédibilité au point que régulièrement des médias sérieux tombent dans le panneau.

 

Certains adeptes des théories et idéologies dénoncées ci-avant maîtrisent par ailleurs très bien les techniques de référencement[13]  comme les algorithmes[14] actifs sur Google et Facebook de manière à les piéger et à faire apparaître leurs messages de haine auprès d’un public plus large[15]. D’autres encore tentent d’user de robots (bots) pour renforcer encore leur diffusion.

 

En ce qui me concerne, je vois trois autres dangers.

 

Le premier, à court terme, me préoccupe directement comme gouverneur :à l’image de la propagande des terroristes de Daesh, qui eux aussi n’ont plus de tabous, le fait de populariser des discours de haine favorise ensuite les passages à l’acte des fous radicalisés qui les prennent au mot.

 

Leil Leibovitz[16] - citant son grand-père, qui vivait en Autriche en 1930 - rappelait ce principe : « Prenez les gens haineux au sérieux, et attendez-vous au pire ».

 

L’an dernier, j’évoquais les mécanismes de radicalisation islamiste et les comparais aux mécanismes qui poussaient des jeunes de Chicago dans des conduites criminelles. Ces mécanismes permettent de « devenir quelqu’un », from zero to hero, de se donner un statut, d’éviter toute contradiction interne par une lecture dogmatique (adolescente) des rapports entre les gens et de fuir le monde réel. Ils s’appliquent aussi à d’autres types de fanatisés. Et ici aussi, leur dangerosité n’est pas à négliger. Souvenons-nous de Breivik.

 

Le Gouvernement fédéral en est bien conscient et, heureusement, tous les moyens ne sont pas orientés que vers les radicalisés islamistes.

 

Le second danger, à plus long terme, est celui d’une unité d’intérêts à créer de la confusion, à cliver la société, et au-delà à déstabiliser et fragiliser notre modèle politique démocratique[17].

 

L’intérêt pour les uns pourrait être de nous affaiblir pour renforcer leur sphère d’influence. L’intérêt pour les autres pourrait être de renforcer directement leur emprise politique en se présentant comme porteurs de solutions aux désordres qu’ils contribuent à créer.

 

Cela étant, ne nous trompons pas, le contexte de ce début de siècle diffère de celui des années 30 et les conditions d’un totalitarisme à l’ancienne me semblent fort improbables. L’interconnexion du monde, celle-là même qui favorise la diffusion de ces idées nauséabondes, permet aussi d’espérer que nos idéaux de liberté, de solidarité, d’humanité et d’émancipation resteront un modèle d’inspiration.

 

Le troisième danger est malheureusement une observation déjà posée, notamment via la très récente étude commanditée par la Fondation « Ceci n’est pas une crise », la RTBF et Le Soir. La défiance envers les institutions, la demande d’un pouvoir fort, la vision d’un système politique en échec, la peur et la stigmatisation de l’Islam, le rejet de l’étranger etc. illustrent que l’on ne peut plus faire comme si ces discours radicaux et simplistes n’existaient pas chez nous aussi.

 

Le déni des peurs d’une grande partie de la population serait une erreur majeure et nous devrons en tenir compte.

 

Ce qui m’importe ici, c’est de faire prendre conscience que si le risque totalitaire ou celui d’une fascisation rampante n’est plus totalement nul, le risque le plus évident est celui d’une évolution politique et sociale à l’opposé des valeurs humanistes qui fondent notre société[18].

 

En Brabant wallon

 

Et en Brabant wallon - me direz-vous ?

 

Comme pour d’autres risques, nous sommes sans doute relativement privilégiés. Son maillage social, le degré d’instruction, l’importance de la recherche scientifique, ou encore son économie ne correspondent pas, à priori, aux zones les plus favorables à la propagation des idées nauséabondes. Différentes études[19] ont montré qu’il existe une corrélation inverse entre le degré d’éducation et la croyance aux théories du complot par exemple.

 

Bien sûr, des rumeurs délirantes ont visé des personnalités brabançonnes. Bien entendu, autour de l’Université naissent parfois des légendes urbaines.

 

Enfin, nous avons notre lot d’illuminés dont un ex-Brabançon reste le champion toutes catégories en propageant absolument toutes les rumeurs délirantes existantes.

 

Si tout cela relève plus du folklore que de la menace, il convient, ici aussi, de rester attentif.

 

D’une part, le Brabant wallon est très sensible à ce qui se passe dans le reste du monde. Son économie très ouverte et exportatrice peut souffrir de nouveaux protectionnismes créés par une éventuelle victoire de ceux qui se nourrissent de replis nationaux ou identitaires. De même, de nouveaux clivages conduisant à une instabilité en Europe pourraient être nuisibles à son développement économique, culturel et social.

 

D’autre part, le Brabant wallon lui-même n’échappe pas à un certain climat de méfiance et de stigmatisation s’appuyant sur des clichés dont ceux évoqués au départ de ma mercuriale. Inutile de vous détailler les connotations liées à l’emploi du terme « Wallifornie » par exemple.

 

Conséquences

 

Le pourquoi de ces phénomènes bêtes et/ou méchants n’est pas de mon ressort.

 

J’aurais pu m’interroger sur les causes profondes de leur réapparition et des frustrations liées mais j’ai préféré me concentrer sur leur observation. 

 

D’une part, il aurait fallu réaliser un travail d’ordre politique et sociologique qui dépasse le cadre de la modeste mercuriale d’un gouverneur.

 

D’autre part, comme criminologue, je suis convaincu, qu’il ne faut pas seulement examiner des faits mais aussi examiner leur perception par les publics. En d’autres mots, même si le contexte économique et social ne semble pas dramatique, il faut tenir compte du fait qu’une partie de la population le perçoit comme mauvais et agit en conséquence.

 

À contrario, il est frappant de constater que d’autres menaces pour nos modes de vie, telles que le réchauffement climatique, sont sous estimées ou niées par ce type de discours.

 

Avec le passage de la pseudo « majorité silencieuse » à ces minorités bruyantes, les périls liés aux opinions simplistes et antisystèmes se sont peut-être déjà concrétisés ici ou là.

 

À vous d’en juger, car mon devoir de réserve m’interdit d’imaginer l’influence sur les réseaux sociaux qu’aurait pu avoir un grand État dans l’élection d’un autre grand État.

 

En revanche, rien ne m’interdit d’observer que Madame Angela Merkel prend très au sérieux les risques liés aux méfaits de la post-vérité et envisage très concrètement des mesures préventives, notamment en engageant les partis à ne pas recourir à des « chat bots » (robots) ou à user de techniques de désinformation sur les médias sociaux pendant la prochaine campagne électorale.

 

Ces phénomènes sont aussi suffisamment inquiétants pour que le Président de la Commission européenne, Monsieur Jean-Claude Juncker, s’en prenne aux médias sociaux qu’il voudrait responsabiliser en vue de s'opposer à la diffusion de fausses informations en leur sein.

 

Je ne me prononcerai pas sur la faisabilité ou le bien-fondé de ce genre de propositions[20].

 

En fait, la rapidité de la diffusion des phénomènes que je viens de décrire, ce que l’on nomme à juste titre « la viralité », impose avant tout de les observer, de les décrire et de les dénoncer.

 

Des réactions ponctuelles sont possibles : dénonciations et signalements, par exemples[21]. Et, sans être moralisateur, je pense que l’exemplarité de nos propres comportements contribue à la résilience face à cette perception viciée du monde.

 

Il s’agit aussi de combattre la bêtise et la haine hors de son terrain.

 

À l’école, plus particulièrement par l’éveil à l’esprit critique et via l’éducation aux médias[22], les cours philosophiques et de citoyenneté ou les cours d’histoire.

 

Entretenir le devoir de mémoire (ou le devoir d’histoire) est tout aussi essentiel afin que les errements du passé servent d’expérience à la mémoire collective pour en prévenir la récidive.

 

En tout cas, à l’heure où tout citoyen partage sur les réseaux sociaux le moindre événement (aussi anodin soit-il), au moment où chacun se transforme en expert en football comme en contre-terrorisme, à l’ère où chaque détenteur de smartphone se bombarde journaliste, il faudra accompagner le mouvement, continuer de défendre nos valeurs (dont la liberté de contredire) et éduquer à la réflexion critique. Un travail inlassable à mener avec pédagogie, humilité et humanité.

 

Mais surtout, la plus belle façon de résister avec force aux maux barbares sera, comme l’imagine Jean-Louis Servan-Schreiber, de miser sur la sagesse et (je cite) « sur l’éthique, le comment vivre bien, avec soi, et avec les autres.  Moment propice pour dépoussiérer une sagesse qui pourrait se révéler étonnamment adaptée à notre modernité complexe »[23](fin de citation).

 

Participer à la prise de conscience d’un danger, d’un risque plus prégnant que par le passé, qui peut porter atteinte à nos institutions démocratiques et à la vie économique et sociale, c’est un peu le sens que je voulais donner à cette mercuriale.

 

Je reste optimiste et sais que le paradoxe du post-modernisme est d’avoir désenchanté le monde tout en donnant à l’humanité la chance de pouvoir l’enchanter par elle-même.

 

Vœux

 

À ce sujet, il me reste un acte de procédure à remplir et vous me pardonnerez le « nous » majestatif.

 

En effet,

 

En dépit de nos précédentes relances et du rappel des termes des vœux de 2016, nous constatons qu’à la date de cette mercuriale, l’année précédente reste redevable de quantité de bonheurs.

 

Dans ces conditions, nous demandons à l’année nouvelle de bien vouloir considérer la présente comme une mise en demeure de répondre à toutes les attentes et à tous les souhaits de vous-même et de vos proches.

 

À défaut de bonheur, de santé, d’épanouissement personnel, nous nous réservons en effet le droit de prendre toutes les mesures conservatoires utiles à l’égard de 2017.

 

Bref, je vous souhaite une excellente année du fond du cœur.

 

 


Mercuriale 2017

 

Des mots ? Des maux !

 

Gilles Mahieu, Gouverneur du Brabant wallon

 

  Jeudi 12 janvier 2017

Chapelle musicale Reine Élisabeth - Waterloo

 

Notes :


 

[1] Voyez www.visov.org  Équipe de secours numérique spécialisée dans le tri des informations sur les réseaux sociaux en cas de crise. C’est une première en Belgique.

 

[2] À l’origine, un mercredi - d’où le nom de mercuriale.

[3] Jean-Louis Servan-Schreiber, Aimer (quand même) le XXIe Siècle, Le Livre de Poche, p. 146 : “ (…) Cela porte quand même un nom que l’on n’ose presque plus employer : le progrès. À notre échelle locale, européenne, nous faisons face à des problèmes économiques compliqués, mais à l’échelle mondiale, ce progrès est une évidence historique.”

 

[4] Interviewé dans Le Figaro du 11 septembre 2016.

[5] C’est le cas du discours antisystème porté par un pseudo humoriste souvent condamné pour ces propos xénophobes ou antisémites.

 

[6]Il est d’ailleurs frappant d’observer que chez nous, cette imagerie fut reprise autant par Rex, que, plus récemment, par un parti d’extrême droite et par un parti d’extrême gauche.

[7] Les historiens citent souvent l’exemple de l’Abbé Barruel (qui expliquait la Révolution française par une conspiration de groupes élitistes) comme fondateur de ce type de théories. Ils estiment que trois caractéristiques se retrouvent dans toutes les théories complotistes ou conspirationnistes :

-       une idéologie hyper conservatrice ou réactionnaire ;

-       une subjectivité camouflée par les apparences de l’objectivité ;

-       un langage haineux.

 

[8] À titre d’exemple, un sondage récent publié par The Economist (https://today.yougov.com/news/2016/12/27/belief-conspiracies-largely-depends-political-iden/) montre que 46 % des électeurs de Trump pensent que, derrière l’affaire des e-mails de sa concurrente, se cache une affaire de pédophilie, voire des rituels sataniques. Le même sondage indique que 52 % d’entre eux pensent qu’Obama est né au Kenya et que 31 % pensent que la vaccination crée l’autisme…

 

[9] Un dangereux délire imagine un complot favorable à la vaccination alors qu’elle serait dangereuse. Complot porté par l’industrie pharmaceutique, des scientifiques et l’OMS complices, etc. Si on tente une démonstration sur la baisse de mortalité des enfants depuis la vaccination, on se verra opposer un discours sur le mensonge des statistiques et notre soumission au lobby pharmaceutique. Le danger est d’autant plus grand qu’une partie de la population refuse de se faire vacciner en raison de cette théorie.

[10] Dans 1984 de George Orwell, langue officielle d’Océania destinée à rendre impossible l'expression des idées critiques.

 

[11]Koen Geens rappelle aussi que : « Un : les populistes désignent un ennemi, pas un adversaire, et tiennent un discours beaucoup plus dur, plus sale. Deux : nous, démocrates, ne rencontrons jamais réellement ces adversaires. Lorsque je suis en rue, ou sur les marchés, presque tous les gens viennent vers moi positivement, me saluent. Où sont les autres ? »

 

[12]Les « trending topics ».

 

[13] Par exemples, si on tape sur Google « pensée unique », on trouvera en numéro un ce site d’un climato-sceptique : http://www.pensee-unique.fr/ Ou à la question « l’holocauste a-t-il vraiment existé » c’est le site de Robert Faurisson qui apparait en premier sur Google. S’en suivent des occurrences aux titres révélateurs : « mensonge sur l’extermination des juifs durant la 2ndeGuerre mondiale » ou encore « La Shoah : un ignoble mensonge »

 

[14] Par exemple, les algorithmes qui alimentent la « timeline » sur Facebook, produisent une bulle d’information propre à chacun, liée à ses contacts, ses partages, ses « likes »…  En conséquence, un comportement est renforcé par le sentiment que bien des autres adoptent le même comportement et la probabilité de voir des attitudes divergentes y devient très faible.

 

[15]Pour ceux que cela intéresse, nous avons à l’UCL un jeune doctorant très pédagogue qui décrit très bien ce type de mécanisme : M. Nicolas Vanderbiest et son laboratoire « Reputatio Lab ». Ses analyses sur la mécanique des rumeurs sur Twitter lors d’attentats où l’on observe la concordance entre la diffusion de rumeurs et la « fachosphère » - l’extrême droite active sur les réseaux sociaux - sont particulièrement éclairantes par exemple.

 

[16]Cité par Victor Ginsburgh dans La Libre de ce 6 décembre 2016.

 

[17] Pour rappel, Umberto Eco décrivait le fascisme primitif par une série d’attitudes telles que : « l’appel à la frustration sociale, le recours à l’obsession du complot, le populisme sélectif orienté par le leader, l’usage d’une novlangue appauvrie pour limiter le raisonnement critique, le culte de la tradition, la peur de la différence, le mépris pour les faibles, la critique du pacifisme comme une trahison,etc. ».

 

[18] Selon les termes de Pascal Delwit, « d’assister à une rétraction politique qui verrait s’affaiblir le modèle de démocratie libérale pleine au profit de démocraties défectueuses, de régimes hybrides ou encore de régimes autoritaristes ».

 

[19]Par exemples, deux études d’un chercheur néerlandais, Jan Willem Van Prooijen, prouvent effectivement un lien direct entre deux variables : plus on a reçu d’éducation, moins on croit aux théories du complot. Il démontre que la « complexité cognitive » (esprit critique), le « sens du contrôle » (maîtrise de soi), l’estime de soi, et le « rang social » sont prédicteurs du rejet des théories du complot. En revanche, des effets d’appartenance à un groupe minoritaire, dominé ou discriminé, peuvent l’emporter, réduisant à néant, en quelque sorte, tous les effets bénéfiques que l’éducation peut avoir sur l’individu isolé (Voir http://espritcritique.info/?p=168 ).

 

[20]Pour rappel, en Belgique, la censure préalable est interdite par la Constitution et rien n’empêche donc – c’est très bien ainsi – de dire des absurdités. La Belgique a fait le choix de la confiance a priori (la liberté d’expression), assortie d’une responsabilité a posteriori (c’est la possibilité d’être poursuivi, voire puni, par exemples, si on a calomnié ou diffamé).

 

[21] Exemples :

-       La dénonciation pénale des délits diffamatoires ou haineux.

-       Le signalement à Facebook ou Twitter, des propos racistes, des incitations à la haine ou à la violence, comme celui des faux profils. Ces signalements rencontrent parfois le succès, mais ils vous donneront toujours le sentiment de vous battre contre l’Hydre de Lerne aux têtes sans cesse renaissantes.

-       Le signalement aux modérateurs des forums des journaux demeure aussi un combat à la Don Quichotte. Aucune solution de modération ne semble efficace. Même la suppression des forums en-dessous d’articles sur des sujets sensibles est contournée par des posts y faisant référence sous d’autres articles anodins.

-       L’action sur les réseaux sociaux peut aussi être faite de rappels de conseils de prudence à nos propres amis avant qu’ils ne diffusent un éventuel hoax ou une fausse information.

[22] Voir www.educationauxmedias.eu : « L’éducation aux médias a pour finalité de rendre chaque citoyen actif, autonome et critique envers tout document ou dispositif médiatique dont il est destinataire ou usager. Elle veut ainsi qu‘il puisse s’approprier les langages médiatiques et se former aux outils d’interprétation, d’expression et de communication par les médias. En ce sens, elle prépare les individus à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d’une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures et assure à tous des chances égales d’émancipation sociale. (…) ».

 

[23] InAimer (quand même) le XXIe Siècle, op.cit., p. 170.

 

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